La plateforme
Le projet plateforme est un dispositif éphémère qui investi le délaissé temporaire, un interstice entre deux immeubles laissé par la disparition d’un troisième.
« Nous ne vivons pas dans un certain environnement, nous sommes un ensemble de relations qui nous constituent en même temps qu’elles constituent notre environnement. L’environnement n’est plus simplement ce qui entoure l’organisme mais un domaine d’enchevêtrement. C’est à l’intérieur d’un tel enchevêtrement de trajectoires entrelacées que les êtres poussent le long de leurs lignes de relations. Cet enchevêtrement est la texture du monde. »
Tim Ingold, « Psychotropification »
— une brève histoire des lignes.
au cœur du délaissé
Notre intention est d’installer au cœur du délaissé une plateforme en hauteur, comme suspendue au centre de ce vide urbain. Ici le délaissé est un vide laissé vacant pendant un temps par la disparition d’une construction au profit d’une nouvelle dont le chantier n’a pas encore débuté.
Nous imaginons alors une plateforme posée sur des poutrelles métalliques qui traversent le délaissé d’un pignon à l’autre de chacun des immeubles qui l’encadre.
Aujourd’hui, à Paris, il y a plus de 50 jardins partagés né de la vacance d’un délaissé urbain qui du temporaire sont devenus permanents grâce au soutien et à la mobilisation de la mairie de Paris. Ces jardins collectifs sont devenus pédagogiques, thérapeutiques, d’insertion. Ils ont tous pour but de provoquer une vie de quartier plus incarnée dont l’objectif est de resserrer les liens d’une communauté.
Notre projet s’inscrit dans cette démarche mais dans une optique temporaire. Le dispositif s’appui sur la charte Main Verte et notre plateforme fonctionne également sur le mode associatif mais il n’y a pas de jardin à « entretenir ».
Notre proposition est de laisser en jachère cette parcelle. Le temps de la mise en place du chantier pouvant prendre plusieurs années la végétation va s’y développer. De manière surprenante, le délaissé fait la démonstration de la biodiversité urbaine. En effet, rapidement les végétaux qui s’y développent sont d’une diversité surprenante. À l’image de la population francilienne, les plantes des délaissés ont des origines qui rappellent l’histoire des migrations. Le délaissé devient un biotope où se développe une flore internationale ! Bientôt la plateforme est rejointe par de jeunes arbres. À la frondaison elle se retrouve suspendue au cœur de la jachère devenue jardin.
Alors, la plateforme devient un lieu de retrait dans la ville, une pause dans le flux. Nous imaginons la plateforme comme un lieu de contemplation qui domine la rue. Les bruits s’estompent, l’activité se dissipe et là-haut, perchée sur la plateforme se suggèrent des pensées, s’engagent des émotions.