MODULE BIBLIOTHÈQUE
Système de modules en container pour apporter des services dans les espaces de la faible densité
les espaces de la faible densité.
1 / La ruralité est marquée par la rareté des hommes.
En France, 15 579 communes, soit près de 42%, sont considérées comme des communes à faible densité de population. Parmi elles, 10% entrent dans la sous-catégorie des communes désertifiées.
Cette faible densité provoque un contexte particulier : la rareté des hommes induit la rareté des ressources financières pour les collectivités concernées.
Notre projet s’appuie sur les documents publiés par TERRITOIRES 2040[1]. À partir de ces lectures, nous faisons l’hypothèse que la désertification rurale ne doit pas seulement être comprise comme un vide démographique mais peut-être avant tout comme un vide d’activité. En effet, la faible densité démographique a provoqué une réorganisation des services publics. Sans faire critique de la politique de l’état français, nous comprenons que ces territoires font les frais d’une économie dont les conséquences sur les populations restent notables et, semble-t-il, durables. Il s’agit principalement, de notre point de vue, d’accès limité à la culture, à l’éducation, à la santé, mais aussi aux loisirs.
Par ailleurs, nous avons compris que ces territoires sont en mouvement et que les profils sociaux de leur population sont très variés et riches par leur diversité, que ce soit en matière de revenus, de générations, de mobilité, d’origines et de cultures. Se font alors jour les enjeux d’une cohésion sociale à organiser. En effet, à chaque profil social correspond une lecture du territoire différente. Entre agriculteurs, installés depuis plusieurs générations qui conçoivent le territoire, avant tout, comme un moyen d’une production économique et anciens urbains, installés depuis peu qui conceptualisent la notion de « campagne », les territoires de la faible densité trouvent des interprétations souvent opposées et polymorphes.
Cette nouvelle situation démographique ouvre, pour nous designers, des perspectives d’accompagnement des réalités économiques et des représentations symboliques dans la perspective d’une lecture apaisée de ces territoires.
[1] http://www.datar.gouv.fr/
2 / Approche constructive. Comment donner forme à notre réflexion ?
Notre démarche s’inscrit dans une réalité économique, c’est-à-dire que nous souhaitons donner forme à nos hypothèses en prenant en compte un contexte économique très tendu, sans moyen.
Nous nous inscrivons dans une démarche de design de l’éphémère. Les réponses et solutions que nous tentons d’apporter s’inscrivent dans une temporalité courte. Hors de tout dogmatisme, elles répondront pendant un temps aux attentes qui bientôt se renouvelleront. C’est pourquoi nous convoquons un mode de conception inspiré et soutenu par le réemploi. Il s’agit aussi de nous inscrire dans une démarche de valorisation des moyens in situ. En effet, chaque territoire a la possibilité d’offrir des matériaux et objets en désuétudes, abandonnés, sans usages, déclassés, dévalorisés, qui seront les moyens de nos propositions.
Il s’agira, d’une part, de produire des économies d’échelle et, d’autre part, de valoriser les ressources de chaque territoire.
Un lieu pour les savoirs dans les territoires du délaissé
En France, en 2015, 55% des communes représentant 11,18 millions de personnes, soit 17% de la population, ne disposent pas de lieu de lecture publique. Un autre constat assure que plus une commune est petite et moins ses habitants ont une chance de voir cette commune disposer d’un établissement de lecture publique. Toutes les études montrent aussi, outre la qualité des équipements, que la fréquentation d’une bibliothèque est corrélé au temps nécessaire pour la rejoindre. Environs 80% des usagers des bibliothèques ont mis au plus un quart d’heure à s’y rendre. Le taux d’équipement est aussi une question de coût. Les petites communes rurales ne disposent pas des ressources financières pour construire des établissements d’au moins 100 m².
Une micro-bibliothèque
Notre proposition est une « micro-bibliothèque » aménagée à partir d’un container de réforme. Nous imaginons qu’un groupement de communes investisse à sa mesure dans une micro-architecture, mobile. Cet équipement serait déplacé selon un calendrier afin de mailler le territoire. Il s’agit à travers cette proposition économique de multiplier les possibilités d’accès à la lecture dans les territoires du délaissé.
Le module BIBLIOTHÈQUE est un container 40 pieds. Transporté sur un camion plateau équipé d’une grue, le container est déposé à même le sol sur un lit de gravier sans nécessité de fondation.
Le module BIBLIOTHÈQUE est un container 40 pieds. Transporté sur un camion plateau équipé d’une grue, le container est déposé à même le sol sur un lit de gravier sans nécessité de fondation.
Modifié, le container offre de larges ouvertures. Nous imaginons cet espace comme un lieu totalement ouvert. Ouvert sur le paysages pour prolonger le regard et ouvrir les imaginaires mais aussi comme signal. Ces larges ouvertures, tout en annonçant l’esprit du lieu, font signe. « Je suis ouverte » semble nous dire la bibliothèque. Ses larges ouvrants relevés invitent à la rejoindre.
Il s’agit d’un lieu de savoir mais aussi de partage et d’échanges entre générations. Nous n’imaginons pas ce lieu comme celui du savoir exhaustif mais plutôt comme d’un lieu où l’on invente des prétextes de rencontre autour du livre.
Le module BIBLIOTHÈQUE est un lieu de rendez-vous. Celui d’une lecture, d’un temps de partage de savoirs et de souvenirs, celui de l’organisation et du débat pour informer et s’informer. Nous souhaitons avant tout que les générations s’y croisent.